Bijou

Un petit joyau ressort de son écrin !

Bijou, groupe culte de la scène rock hexagonal, est de retour sous l’impulsion de son leader historique, Philippe Dauga qui en oublie de parler des Picards… SVP !

Et c’est reparti avec les dernières tribulations parisiennes, entre l’Européen pour une autopsie en live, le Café des Arts avec Bonnie and Clyde de Serge Gainsbourg et La Locomotive avec Didier et Philippe Wampas pour une histoire de téléphone…

Les Papillons Noirs à la Flèche d’Or, en prime pour la nostalgie… Relax baby be cool !

Patti Smith

Ce soir au théâtre Sébastopol à Lille !

Lever de rideau sur une ambiance à la Velvet…

Patti, la grande poétesse du rock, apparaît, presque timide au milieu d’un sextet unplugged…

Lenny Kaye campe à ses côtés, fidèle compagnon des débuts et rien moins que sauveur du rock garage grâce à la compile ‘Nuggets’ sans laquelle nombre de groupes seraient tombés dans l’oubli…

Disque de chevet de Patti à l’époque des clubs new-yorkais comme le CBGB ou le Max’s Kansas City avec Tom Verlaine !

Patti s’indigne : ‘People have the Power’ ; se rebelle contre la boucherie économique et la corruption généralisée : ‘Jésus est mort pour les pêchés de quelqu’un mais pas les miens’...

Vient un hommage à Charles Baudelaire suivi de Gloria, l’hymne incontournable du rock. Puis un rappel avec ‘Outside of Society’ et ‘Because the Night’, coécrit avec le Boss…

Un superbe best-of pour un indispensable voyage qui m’emmène jusque dans un dernier bar où je rencontre Lola et Céline…

Oui, j’arrive ! 

Le mythe rock

Le mythe rock.

Au temps de la pluralité culturelle, le rock reste malgré tout souvent perçu comme une sous-Culture, une pratique culturelle esthétique insignifiante où dominent la spontanéité des acteurs et la débauche d’une énergie vitale non canalisée. Authentique ou vénal, calme ou violent, le rock a trop souvent payé le prix du dérisoire et de la récupération (protéger les intérêts du Père Noël…) sans arriver pour autant au statut de forme artistique, au sens de l’œuvre, même s’il génère à l’envi un nombre croissant de mythes. Le phénomène est plus complexe qu’il n’y paraît. Au-delà de sa spontanéité et de son simplisme apparent, il peut révéler d’insoupçonnables jeux métaphoriques…

L’histoire du rock présente une allure chaotique. Les formes musicales ont sans cesse évolué alors que les mouvements sociaux qui leur sont liés cheminaient sans cohérence. Les ’hippies’, les ’mods’ ou les ’punks’ offrent des configurations sociales, idéologiques et politiques bien peu homogènes. La marginalité du rock pourrait apparaître comme figure unificatrice mais le succès de Presley et des Beatles pousse la marginalité un peu loin. L’économie du rock, par la force du show-business et l’omniprésence de la consommation, pourrait elle aussi révéler l’unité du phénomène s’il n’y avait pas toutes les richesses esthétiques des ’loosers’ mythiques et la militance gratuite des passionnés des petits concerts. Reste l’idée que le rock s’unifie à travers la jeunesse. Mais qu’est-ce que la jeunesse… ?

L’œuvre est liée au mythe et aux temps forts de son émergence. Dans cette perspective, le ’bon concert’ se saisit comme l’instant d’un rapport particulier. Loin de survenir comme la conséquence mécanique de la production de sonorités excessives et rythmées, le ’bon concert’ est la résultante d’un double mouvement : l’événement interactif et les effets qu’il propose et qui se diffractent à l’infini. On peut entrevoir là un début de définition de la spécificité artistique du rock. En tous les cas, il existe un environnement de dispositions qui place le mythe rock au centre de l’événement et qui peut éventuellement l’actualiser en œuvre.

Le rock est lisible au quotidien dans une émergence à mille facettes. Il appartient à qui sait en jouer, trouvant place dans tous les habitus. Chacun peut lui trouver des significations correspondant aux finalités qu’il veut promouvoir :

- Le rock a son élite. Elle se charge de décoder les œuvres, de les nourrir ou de les vider. Elle emprunte aussi bien au verbal qu’au non-verbal (coupes de cheveux, fringues déchirées…). Elle cherche également à maîtriser l’histoire et la connaissance des mythes et à gérer un capital culturel. L’élite rock vit de sa résistance à la banalisation et ne dédaigne pas de se constituer un capital économique. Elle se définit par sa finalité : participer à la réalisation du mythe. Elle entretient donc une relation privilégiée avec le rock : le ’rock passion’, un mythe avec comme premier critère à retenir, l’intensité de l’investissement dans ses valeurs. L’école, le travail et la famille ne sont plus que des points d’appui secondaires dont l’acceptation ou le rejet sont déterminés par leur capacité à promouvoir les pratiques de la musique rock. Le ’rock passion’ n’impose pas le conflit de générations, l’exclusion scolaire ou le chômage mais simplement la soumission à l’ordre du rock. Il fonctionne de manière analogue aux autres passions et influe sur la trajectoire de ses pratiquants . Il s’établit alors une véritable Culture rock…

- A l’opposé, le ’rock d’agrément’ n’en finit pas de prendre du plaisir (danser, communiquer, séduire…). Il a les couleurs de l’époque et l’incertitude du temps qui passe. Sa nécessité est dans le temps libre. Sa pratique ne bouleverse en rien les trajectoires. Il s’immisce comme d’autres pratiques sociales, là où la société organisée lui laisse une place, après le travail ou les cours… En termes d’offre culturelle, le ’rock d’agrément’ n’a qu’un souci : répondre aux besoins et si l’on en juge par les taux d’écoute et les ventes de disques, les besoins sont amplement satisfaits…

Quels éléments de distinction peut-il exister entre la passion et la distraction ? Ni les classes sociales, ni les revenus, ni l’âge, ni le sexe ne semblent être à l’origine de cette différenciation. Pourtant, faute de retrouver les catégories habituelles du sociologue, la passion rock n’est pas une simple caractéristique psychologique. En fait, il faut se tourner vers la métaphore fondatrice du ’rock passion’ comme catégorie d’action. Le mythe aspire le groupe (les amateurs de rock) qui le fait vivre et le conduit à l’action. Il y a donc une sorte d’effet boule de neige entre les amateurs et le mythe. Le ’bon concert’ se révèle un cas d’observation extrêmement riche pour en savoir plus…

Le ’bon concert’ est rare, perdu parmi les simulacres et les copies aux recettes éprouvées (esthétique, mise en scène…). Il est de la même facture et de la même singularité que l’œuvre d’Art. Invisible dans la multitude des productions de concerts ordinaires, il faut le reconnaître et le mériter en quelque sorte pour mieux l’apprécier…

Lors d’un concert, l’immédiateté du regard se pose sur le look. Plus que la tendance du moment qui se déclinera de toute façon à l’infini au fil du temps, l’essentiel est à la tonalité. Elle semble vouloir imposer sa marginalité un tant soit peu provocatrice et l’observateur ne manque pas de s’interroger sur ce qui le décale de cet environnement étrange. Le look indique que le lieu n’est plus à l’ordinaire et que le temps n’est plus à la conformité. Pourtant, au travers de ses ressemblances, le look permet d’accéder à la parole et surtout à la mémoire. Même si les discussions sont éphémères et ne constituent pas véritablement un prélude à plus d’intimité, elles préparent probablement à une reconnaissance prochaine dans un autre lieu. L’ambiance n’est pas forcément à la rencontre amoureuse mais à la prise de contact. Le look est un droit d’entrée dans une communauté volatile où il n’existe aucune règle stable. Il s’agit avant tout d’un jeu implicite où les modalités de valorisation du capital symbolique qu’est le look sont plus qu’aléatoires. La tonalité du look mesure les attentes et préfigure le déroulement du concert…

Le ’bon concert’ instaure un rapport privilégié entre l’intention rock et l’événement. Il dépasse largement l’introduction (la promesse du ’bon concert’). Au fil des morceaux, la salle est pénétrée d’une sorte d’éther. Le concert n’est plus seulement un spectacle divertissant, à l’écoute passive. Le courant passe… Si l’appel de la scène a bien fonctionné, le public se partage entre plusieurs zones. A l’avant-scène se distingue une masse mouvante qui gesticule et s’entrechoque dans une bousculade à mi-chemin entre parade simiesque et danse expérimentale. L’énergie d’abord… Plus loin, dans une sorte de neutralité convenue, les acteurs d’une seconde zone observent et écoutent, acquiesçant par moment d’un geste de la tête ou de la main. Plus loin encore, une partie du public assiste au concert, assise sur les dossiers des fauteuils et sans rien laisser paraître du plaisir qu’elle ressent. Une quatrième zone se dessine également avec les organisateurs accompagnés du réseau des plus ’branchés’. Ils examinent froidement la situation. L’élite reste sévère pour ses héros. Quelques individus se rassemblent dans une ultime zone et gardent une position stratégique autour du bar le plus proche.

L’un des signes les plus caractéristiques du concert qui ne tient pas les promesses de ’l’intro’ est le mouvement ininterrompu des spectateurs à travers la salle, principalement vers le bar. Par contre, les artistes réussissent parfois à entretenir une complicité avec les spectateurs, à provoquer des vibrations comme par télépathie (déclic accrocheur de quelques protagonistes de l’avant-scène…) et à générer une sorte de magie et de feeling spécifique du ’bon concert’. Il se reconnaît au déplacement des zones. L’avant-scène perd son privilège. La seconde zone manifeste son désir de vivre le groupe de plus près. La troisième se lève et se rue dans les allées. Elle laisse voir le plaisir qu’elle ressent sans toutefois abuser de gestes excessifs. Si le processus continue, elle se rapprochera de la scène, bientôt suivie des organisateurs, comme par capillarité. Il faut fusionner avec la scène pour que le vide ne vienne plus indiquer la distance. Il faut également laisser les corps s’extérioriser pour se démarquer de l’image stable et lisible de l’individu situé. Chaque courant, chaque mythe du rock s’actualise dans une figure innovante spécifique (nouveau look, nouveaux héros, nouvelles sensations…). De ce point de vue, le ’bon concert’ est exigeant. Il ne supporte pas les simulacres et le déjà vu. Il laisse donc aux apprentis le soin de jouer aux rockers et préfère ironiser sur les copies que lui offrent le ’rock d’agrément’ et le show-business, trop pressés de faire audience…

Le bon concert

Le bon concert !

Le ’bon concert’ correspond à une expulsion de la société conforme. Il laisse voir la violence, la transe, la fascination et la possession. Les spectateurs qui montent sur scène et qui se jettent dans la foule (les ’slams’) en représentent sans doute une des plus belles images… Le ’bon concert’ devient le moment exceptionnel où les plus distants rejoignent un événement qu’ils se contentaient d’observer. Sa densité abolit les signes admis habituellement : la gestuelle codée du ’fan’ perd son statut de jeu dérisoire pour adolescent en mal de reconnaissance… Le geste s’accompagne d’un plaisir intense, propulsé à l’extérieur sous forme de cris et de sueur. Le spectacle n’est plus vraiment à voir. Il est à vivre …

Cette description contient tous les éléments nécessaires pour justifier les réticences des intellectuels soucieux de Culture et de Civilisation. De plus, elle ne dit rien de la structure interne des œuvres ni des rapports complexes qui lient leur production et leur réception. Pour aller plus loin, l’adoption d’un fil conducteur s’impose. Une approche détaillée des conflits du ’moi’ peut aider à recomposer le regard sur l’objet rock.

Le look est porteur d’une dimension symbolique. Les personnes ’lookées’ se décalent de la conformité. La fonction inhibitrice du ’moi’ ne les contraint donc plus à produire une représentation susceptible d’être approuvée. Cette relecture du look fait émerger une réalité qui peut paraître dérisoire mais dont personne ne peut nier la charge affective et les effets symboliques de dénégation. Le look peut être disqualifié ou trouver place comme ’objet choisi’ dans le système fantasmatique de l’Autre. L’interprétation du look par le biais de la non-conformité conduit facilement à l’idée d’un déplacement du ’moi’. Faut-il en conclure pour autant au délire ou la névrose des porteurs de looks intempestifs ? Rien n’indique que le ’moi’ ait perdu sa fonction d’inhibition. Malgré son déplacement, l’équilibre entre les forces de liaison et de déliaison continue à se maintenir. Le ’moi’ a une fonction inhibitrice qui contraint les gens à la norme. Le look décale le ’moi’ vers une autre norme, parfois narcissique.

Le public des salles de concert n’est pas là par hasard. Il a payé son entrée en signes monétaires et symboliques pour nourrir son imaginaire et il espère atteindre une forme de plaisir qu’il ne trouve pas à l’extérieur. L’entrée dans la salle est une phase d’approche qui permet de se rassurer. L’atmosphère (looks ambiants, musique de fond…) conforte les attentes. Puis, avec le début du spectacle, vient une phase de vérification. L’attitude des artistes produit le même effet que le look. Elle évoque la rupture avec les pressions de la conformité et appelle, par la symbolique spécifique du groupe, à investir d’autres représentations. Pourtant, la non-conformité ne se laisse pas saisir facilement. Les enjeux changent et les produits d’appel (religion, tabous sexuels…) deviennent vite obsolètes. C’est ce qui confère sa magie au concert… La mythologie rock et sa traduction dans les revues spécialisées et les réseaux de l’élite peuvent contribuer à la dynamique du concert, surtout quand le suivisme des ’fans’ se montre important. Rien ne garantit pour autant l’accession au ’bon concert’. L’identification appelée par le groupe peut échouer. L’intensité de l’attente peut s’étioler. Le ’rock passion’ se lasse du conventionnel. Il faut sans cesse surprendre les ’fans’. Seul le ’rock d’agrément’ s’accommode de la conformité…

Si la phase d’approche est souvent longue, le ’bon concert’ commence vraiment avec la seconde phase et suppose que l’identification fonctionne (produits d’appel, réaction de l’avant-scène). Pourtant, il en faut plus. Le spectacle n’est pas forcément que sur la scène. Les spectateurs de l’avant-scène se manifestent bruyamment et renvoient des signes expressifs, perceptibles et interprétables par le reste du public. Ils montrent que le spectacle a un autre sens, que le plaisir pourrait être ailleurs que dans la position confortable de l’écoute et du regard. Le public actif de l’avant-scène constitue la figure de l’Autre-scène. Le spectacle se traduit alors par une performance expressive issue de la scène et de l’avant-scène. Il converge vers une forme privilégiée, la désarticulation des corps, une gestuelle insignifiante du point de vue de l’esthétique et de la danse mais déterminante par sa dimension symbolique. La gestuelle rock traduit l’adoption du concert comme lieu symbolique du renoncement à l’identité sociale que le corps ordinaire dévoile avec le plus d’évidence. Ces symboliques de déplacement de la ’bonne image du moi’ peuvent très bien être rejetées. Leur signification peut être immédiatement refoulée et conduire à des propos comme la ’barbarie’ du rock. A l’inverse et de manière moins dramatique, le jeu du déplacement peut exprimer une modification de la configuration initiale du ’moi’. Les actes des artistes, associés aux signes de l’avant-scène, proposent au ’moi’ une autre position d’équilibre. Ils se positionnent comme de nouvelles références et deviennent des ’objets choisis’ (en accord avec le système fantasmatique de chacun). Le glissement progressif du ’moi’ peut alors survenir et c’est dans ce passage que se fixent, autrement et pour un temps, les pulsions du plaisir. Progressivement, le corps s’anime, le geste parle, la symbolique de rupture s’impose, sans que le ’moi’ n’ait rien à re-dire. L’environnement du concert provoque l’excitation des pulsions de déliaison à travers le jeu des identifications partielles proposé par la scène et l’avant-scène. Le ’bon concert’ devient à la portée de tous. Evidemment, les glissements du ’moi’ ne sont pas spécifiques au concert rock. En tous les cas, ils montrent que les expressions du rock ne peuvent être qualifiées de symptômes névrotiques puisque, loin d’être refoulées, les pulsions excitées par les manifestations de la scène et de l’avant-scène trouvent une voie d’expression acceptée par le ’moi’ qui s’assure des sensations de plaisir plus intenses…

Cette interprétation du ’délire’ des rockers comme manifestation d’une maîtrise du ’moi’ peut paraître surprenante face au désordre apparent, surtout là où certains aimeraient voir du spontané et de l’hystérie…

- Les expressions rock du public servent de supports au montage fantasmatique mais sous le contrôle du ’moi’, le passage à l’acte ne fait que très rarement partie du jeu. Les symboles de violence sont perceptibles mais la violence effective demeure exceptionnelle. Les limites sont connues et sauf exceptions, respectées. La montagne symbolique accouche d’une souris…

- Qui plus est, en cas de dépassement des limites (bagarre…), un cercle vide apparaît immédiatement autour des protagonistes, l’avant-scène se dissout et le jeu est terminé. Le ’moi’ n’adhère plus à l’identification et le public se recale sur la ’bonne image du moi’

- L’identification s’appuie sur les connivences. Elle fonctionne mal avec des concerts où les styles de musique se différencient. Le glissement du ’moi’ devient improbable quand la salle est remplie ’d’étrangers’ aux looks visiblement différents et que les attentes ne sont à l’évidence pas les mêmes…

- Le ’moi’ a besoin de repères pour s’autoriser au déplacement (rythme binaire, métronomique…). L’ordre scénique (placement des musiciens, tempo…) facilite l’aboutissement du ’bon concert’. Derrière une spontanéité apparente, le ’bon concert’ fait appel à un long processus évolutif d’équilibre du ’moi’, entre l’ordre et le désordre… Cette réflexion ne peut se terminer sans évoquer la troisième phase du concert, le retournement. Elle correspond à un moment privilégié du ’bon concert’ où l’identification ne porte plus seulement sur un objet extérieur aux acteurs (religion, sexe…) mais inclut des tendances narcissiques. Quand ces tendances typiques de l’émergence de la libido du ’moi’ deviennent dominantes, une nouvelle forme de plaisir apparaît. Sous l’effet de la désarticulation des corps (obtenue par déplacements successifs du ’moi’), le ’moi’ n’arrive plus à contrôler les pulsions et les acteurs sont confrontés à leur propre image (image du miroir). Ils se retournent alors contre eux-mêmes et l’expression physique désarticulée correspond à une métaphore de leur auto-agression (image du miroir brisé). Le plaisir survient comme par auto-dérision… L’identité de chacun s’est forgée sur le renoncement à l’expression libre du désir (même pour les meilleurs hédonistes…). Dans le ’bon concert’, le vecteur des expressions rock, par le processus du retournement, conduit à une source inépuisable de plaisir…

Malheureusement, les lectures de ces déplacements-retournements n’ont souvent lieu qu’en termes de délire ou de descente aux enfers. Pourtant, le rock s’inscrit dans le mouvement général de la musique. Il conduit à des états situés entre la ’méditation’ et la passion (hypnose, extase ou transe…). Ainsi, le rock n’est plus dérisoire, défaillance de l’humain et de ses valeurs. Dans cet esprit, le ’bon concert’ devient un indice que le rock est œuvre…

Bises from LA !

Je ne résiste pas à parodier le célèbre Greetings from LA de Tim Buckley

Bises de Lille et Alentours !

Bons voyages en tous genres (musicaux, vidéos, à vélos…).

Et surtout bon amusement !

Peut-être à Shillong, la capitale indienne du rock ? Avec Soulmate ?

Peut-être à Lillers, la petite ville du rock qui résiste encore et toujours au Nord de la France ? Avec les filles du festival Frog ?

Voici donc une aventure de Mélusine et ses copines :

Pauvre Mélusine ! Disparue dans les turpitudes du rock and roll…

De quoi rester dans sa télé !

En plein festival secret dans la salle du Palace à Lillers, un ancien cinéma des années 50. On dirait un début de roman noir…

Toxic Waste ouvre le bal !

J’aperçois Nénesse de Rockmitaine. Cela va sûrement barder !

Tiens, Barbirosa et des filles de la Rumeur. Il se passe sûrement quelque chose…

Voilà Cellule X. Où va-t-on ?

Ethnopaire entre en scène. Là, ça devient du sérieux…

Les punks de l’entrée terminent enfin leur cannette. Ils se précipitent à l’intérieur. Que se passe-t-il ?

Arsène Lupunk. Non, autre chose. Enfin, ils sont là aussi. Au bar…

La rumeur en parlait. La Rumeur y est.

Voilà les Bérus !!!

Quels cachotiers à l’Abattoir…

Beez from LA !

En souvenir de Tim Buckley qui doit se retourner dans sa tombe ! Bises de Lille et Alentours !

Et clin d’oeil au Busy Bee market de San Pedro !

Cinquante ans de résistance…

La planète rock.

La révolution a cédé la place à l’évolution dans le petit village mondial du rock. La rock’n roll attitude persiste toujours en s’accommodant de nouveaux supports comme le net et son nuage. Pourtant, loin d’une complète virtualité, elle trouve avantage à se ressourcer dans des valeurs underground.

C’est ainsi qu’émerge Antony, chanteur de l’underground new-yorkais. Il interprète tout d’abord Candy Says au côté de Lou Reed sur l’album The Raven. Puis, il sort The Crying Light. En vrac, des ours blancs et le capitalisme en phase terminale, des familles qui chérissent leurs enfants transgenres, des siècles de domination masculine et une révolution féministe comme seule issue pour sauver la planète… Peut-on vraiment y voir une lueur d’espoir ? Ou simplement une lueur qui pleure… En tous les cas, comme bien d’autres avant lui, Antony cultive une apparence et une sexualité troubles, un côté androgyne. Et de la confusion des genres, il fait un atout…

Le mépris.

Même s’il existe toujours des foyers de résistance, la révolution se trouve un adversaire insolite. Face à l’immobilisme convenu des conservateurs de tous horizons politiques, évidents à droite comme innombrables à gauche, même si certains réformistes y prônent le changement dans la continuité. Face à la sécurité rassurante et au confort indécent des adeptes du statu quo, la rupture arrive d’un méprisant touche à tout. Contre vents et marées, c’est avec une volonté de destruction radicale et de transformation sociale qu’il déploie à l’envi sa stratégie, ne visant qu’à un seul but : le sien… La rupture est bien là, synonyme d’une révolution du mépris, du consumérisme à sens unique et du capitalisme dégénéré. Le choc est incontournable. Avec une révolution de la proximité, de la contre-culture et des alternatives en tous genres. Une contestation qui se moque du mépris…

Au-delà du virtuel : la politique friction.

’Ne touchez à rien ! Votre téléviseur n’est pas en panne. Nous prenons le contrôle’… Ainsi commençait une célèbre série qui conviendrait tout autant à la médiocrité de la politique fiction qui nous étouffe. Ou plutôt à la politique friction ? Démocratie participative et démocratie culturelle sont autant de gageures et de mythes. Ils gardent pourtant la valeur des utopies qui méritent d’initier les changements et d’accélérer les évolutions… Ils montrent également que l’avenir ne relève pas de la compétence des politiques. D’ailleurs, quelle est leur plus grande compétence ? Si ce n’est leur capacité à se faire élire et à instrumentaliser les mouvements de société… L’économie marchande et la rentabilité sonnent comme des leitmotivs politiques. La culture reste la dernière roue de secours du carrosse, la cerise sur le gâteau. Et pourtant, le plus mauvais écolier de la classe politique n’hésite pas à la revendiquer au nom de l’intégration et de la cohésion sociale, comme le ciment d’une identité culturelle… N’en déplaise à Sempé et Goscinny, le Petit Nicolas, écolier gentil et espiègle, s’est métamorphosé en un cancre sournois. La culture n’est plus qu’un alibi électoral. Comme dit Claude Chabrol : ’A quoi sert-il d’être politique ? Si ce n’est à se faire ouvrir des portes’

Marsatac aura-t-il lieu ?

L’un des plus grands rendez-vous musicaux marseillais et européens depuis onze ans aura-t-il lieu en septembre 09 ? Après avoir essuyé une tempête sur les îles du Frioul en 02, avoir été déplacé sur l’esplanade du Vieux-Port, le festival se trouve à nouveau menacé. Pas de chance, le site du Vieux-Port va accueillir le musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem). Pourtant, l’équipe municipale s’était jusqu’alors montrée très technophile. Marsatac figurait même comme un événement phare de la candidature de Marseille comme capitale européenne 2013. Mais les élections sont terminées. Et les copains de cour de Nicolas ne casseront pas son jouet du Mucem. La guerre du site continue. Où sont donc les petits hommes verts ? Mars attacks !

De Burton à Burton : une révolution annoncée.

En 1996, Tim Burton ridiculisait la planète avec Mars attacks. Avant lui, Richard Burton ridiculisait l’Angleterre victorienne. Soldat atypique, il connaît l’Inde à l’apogée de l’Empire britannique et du raj. Il s’affranchit du puritanisme hypocrite pour se plonger corps et âme dans la culture indienne. Il traduit le Kamasutra et nargue la censure sexuelle occidentale. Plus encore, il initie une révolution sexuelle qui décongestionne l’Occident. Plus tard, le rock décongèle la musique. Encore un Burton pour liquéfier le crétinisme et le puritanisme de la culture ? Faudrait-il étendre la zone sotadique décrite par Richard Burton, zone d’encouragement aux tolérances sexuelles comme culturelles, à l’ensemble de la planète ? Finalement, libérer la planète…

Asger Jorn. Serpenter vers la liberté.

Déjà en 1948, l’artiste danois créateur du mouvement Cobra, revendiquait l’expression de la liberté. Son engagement artistique et politique l’amène à fonder avec Guy Debord, l’Internationale Situationniste en 1957. L’organisation vise à lutter contre le pragmatisme du monde moderne, sa dépoétisation, l’utilisation de l’art comme valeur marchande et finalement, la société du spectacle naissante. En fait, contre le monde peureux et cupide d’aujourd’hui. Asger Jorn initie le projet utopiste d’un art spontané, populaire et poétique, basé sur la couleur et la matière, destiné à libérer l’humanité de ce que Debord appelle la société du spectacle et Dubuffet, l’asphyxiante culture

Et la fête continue… Un populisme culturel ?

Après Bombaysers de Lille avec ses saveurs indiennes en 06, place à Europe XXL et son Europe plurielle en 09. Deux versions de Lille 3000, vague réminiscence de Lille 2004, capitale européenne de la culture. La Lille touch ? Le voyage s’annonce dépaysant et c’est tant mieux en cette période de morosité et de réclusion. Enfin, voilà pour la version officielle… De l’événementiel et des paillettes pour quatre mois. Le reste du temps est évidemment paradisiaque dans les quartiers et les banlieues pour l’ensemble des gens. La culture de proximité est à son apogée et les grand-messes lilloises sont autant de feux d’artifice qu’on s’empresse d’applaudir…

Héneaurme : la u société et le don d’ubiquité.

U shopping dans le u commerce : mon sac se remplit, ma facture aussi, rien qu’en lisant les codes barres avec mon mobile. Dans le même temps, mon u compte se crédite dans un paradis fiscal… A chacun sa vision du jardin d’Eden ! Je greffe des puces rfid à mon vieil épagneul victime d’Alzheimer précoce. Je m’en greffe une aussi en sortant en boîte. Plus besoin de régler. Tout est débité sur mon u compte qui s’alimente virtuellement. Une puce aussi sur la voiture, une autre sur les gamins. Ah non ! Plus besoin grâce au u compte automatique, la criminalité est aussi devenue virtuelle. Pas mal la u société pour individus 2.0… Et puis, il est toujours possible de désactiver la fonction ubiquité du mobile, pour échapper à un monde ’u buesque’…

Finalement, il y a des situations qui paraissent claires mais qui n’en n’ont que l’air !!!